- Épisode 17 - Chapitre 2 - Tous droits réservés - © - 2025 -
Les rochers de Saint Guénolé
Il y a quelque chose qui chatouille le bout de mon nez. Peut-être un insecte. Je sors du sommeil prenant conscience du corps contre le mien. Ce sont les cils d'Aude-Élie. Elle fait bouger sa paupière. C'est donc ça qui me réveille. À peine ai-je les yeux ouverts qu'elle pose ses lèvres sur les miennes. Elle est couchée sur le ventre. Se redresse sur ses coudes en disant : << J'aime pas être réveillée toute seule ! >>. Je ris. Je passe mon bras autour de son cou pour la serrer contre moi. Je murmure : << Je sais. Tu ne supportes pas que je dorme sans toi ! >>. Aude-Élie mitraille mon visage de bisous. J'aime son haleine matinale. << Pipi ! >> lance t-elle en se levant d'un bond. Elle virevolte devant le lit en me tendant sa main. << Viens ! >>. Devant mon air étonné elle rajoute : << Je te veux avec moi tout le temps ! >>. Mon hésitation la force à contourner le lit pour attraper mon bras. Elle me tire. Je trottine un peu stupidement en la suivant jusqu'à la porte.
C'est chacun son tour. Je garde mes lèvres posées sur son front. Ça me gêne un peu. J'entends. Quand c'est à mon tour, ses bras autour de ma taille, elle garde sa tête dans mon cou. Nous rions en sortant des toilettes. Il n'est que huit heures. Aude-Élie m'emmène jusqu'au lit pour m'y faire tomber. À peine suis-je allongé qu'elle me chevauche. Tenant mes bras écartés en serrant mes poignets. Nous ne sommes pas du matin mais je crois deviner que ma complice se livre à une expérience. Nos estomacs grondent, nos ventres vides gargouillent. La belle aventurière frotte son sexe sur le mien. Mon érection ne tarde pas. Elle se penche pour poser ses lèvres sur les miennes. Nos respirations en symbioses parfaites , nos corps se raidissent. Nous nous regardons. C'est insolite de lutter contre la faim. Comme à son habitude, ma compagne de folies matinales saisit ma turgescence. Ses initiatives m'émerveillent déjà. Me voilà en elle. Tous les deux, immobiles à nous scruter. Dans le silence.
Tout cela ne dure que quelques minutes. Aude-Élie se redresse, je me retire, nous roulons sur le lit pris d'un soudain fou rire. Nous nous précipitons vers la porte. Ma complice s'occupe du café, des tranches qu'elle glisse dans le grille pain. Je presse les oranges, je pèle les kiwis. J'adore la façon gracieuse avec laquelle ma comparse attrape les tranches éjectées dans un claquement sec. Je les beurre, elle y étale le miel et la confiture d'églantines. Nous prenons notre petit déjeuner juste vêtus de nos T-shirts de nuit. Nous revenons sur notre après-midi à Quimper. Aude-Élie se lève, contourne la table pour venir s'assoir sur mes cuisses. J'adore quand elle vole mes tartines pour les tremper dans mon café. Je propose de passer l'après-midi en bord de mer. Dehors le ciel est voilé mais lumineux. Je suggère de descendre sur Penmarc'h. Il y aura une quarantaine de kilomètres après Quimper. << Je te préviens, je ne roule pas ! >> lance ma dérobeuse de café.
La vaisselle. Nos pitreries habituelles devant le miroir de la salle de bain. Tête contre tête au-dessus du lavabo pour rincer nos bouches. Nous revêtons nos tenues sports. Courant dans l'escalier nous descendons à toute vitesse. La température extérieure est de 20°. Très agréable. Quelques mouvements d'échauffement avant de sortir par l'arrière du jardin. Le sol est sec. Nous courons le long du chemin qui mène à Quéménéven par les bois du Duc. Une heure d'un plaisir intense. Une bonne douche où nous nous savonnons en riant. La fille au van porte une de ses jupettes "tennis". Noire. Un T-shirt gris clair. Je suis en short gris, T-shirt blanc. Nos baskets. La liste des courses à la main, Aude-Élie m'entraîne dans l'escalier. La logistique impose des achats nécessaires. Surtout les fruits dont nous sommes si friands. << Viens, on prend le camion ! Il faut qu'il roule un peu ! >> lance t-elle en s'installant au volant de son van. Je m'assois sur le siège passager.
J'admire la maestria avec laquelle la belle aventurière manipule son véhicule. Elle roule avec assurance d'une conduite sereine et rassurante. De sa main droite elle saisit mon poignet gauche pour placer la mienne entre ses cuisses. << Là ! Et pas ailleurs ! >> dit elle. Je caresse la douceur de sa peau en riant un peu bêtement. Je remonte subrepticement pour caresser le doux et fin coton blanc de sa culotte. Juste avec mon petit doigt. Plogonnec n'est qu'à quatre kilomètres de Locronan. Aude-Élie se gare sur le parking. Tenant la liste des courses elle m'entraîne à sa suite. Je tire la corbeille rouge sur roulettes. Il y a du monde. C'est samedi matin. Nous faisons provision de nectarines, de brugnons, d'abricots, de pommes, d'oranges et de kiwis. Deux beaux melons délicatement parfumés. Carottes, tomates, poivrons rouges, concombre, ail, oignons. La corbeille est pleine à ras bord quand nous passons en caisse. Aude-Élie s'accroupit pour saisir un des magazines sur le bas du présentoir.
Tournée vers moi, sachant que je fais "écran", elle m'offre une vue splendide. Sa culotte. Elle lève la tête pour observer ma réaction. Me fait un clin d'œil avant de se redresser. Je murmure : << Tu es adorable ! >>. Ce à quoi elle répond inévitablement : << Je sais ! >>. C'est à l'arrière du van, entre le lit et les étagères sous l'évier que nous disposons les sacs de papier kraft contenant nos achats. Avant de démarrer, saisissant mon poignet, mon chauffeur place une nouvelle fois ma main entre ses cuisses. Nous repartons. Il est midi quand nous revenons à l'appartement. Ma complice s'occupe de l'assaisonnement de la salade d'avocats et de poivrons. Je fais rissoler deux filets de saumon avec des champignons. Tout en mettant les spaghettis dans l'eau bouillante. Préparations rapides. À chaque fois que nous passons l'un près de l'autre, nous échangeons un bisou. Nous mangeons de bon appétit en préparant notre itinéraire de l'après-midi. Au plus direct. Il faut partir tôt.
Nous ne traînons pas. La vaisselle. Le rituel de la salle de bain. Dans le petit sac à dos, nos fruits, les K-ways car il se pourrait bien que la météo réserve quelques humides surprises en soirée. Impatients de partir vers notre nouvelle destination nous dévalons l'escalier. << Ce jaune ! >> lance ma compagne d'aventures devant mon auto. Nous sommes tous deux coiffés de casquettes. Installée sur le siège passager, Aude-Élie pose sa main sur mon genoux. C'est parti. Nous repassons devant le Super U de Plogonnec dont le parking est à présent plein de voitures. Ma passagère remonte doucement sa main jusqu'à la glisser sous mon short. << Si je perturbe mon chauffeur il faut qu'il me le dise ! >> fait elle. Nous repassons à Pluguffan. La circulation est relativement fluide en évitant les grands axes. La conduite est ainsi beaucoup plus simple. Ma main gauche se balade entre les cuisses de ma complice. Voilà Plonéour-Lanvern puis Pont-l'Abbé. Son vieux musée que je propose de visiter.
<< Une autre fois. Je suis impatiente de voir l'océan ! >> s'exclame ma comparse qui redouble à présent d'activité dans mon short dont elle a descendu avec peine la tirette. Je demande : << Et s'il y a un contrôle de gendarmerie, je fais comment ? >>. En me tripotant elle répond : << Tu ne fais rien. Je descends simplement le bas de ton T-shirt et tout est caché ! >>. Fort de cette évidence je roule toutefois avec prudence car la circulation se densifie à l'approche de Penmarc'h. Le samedi, il y a la criée sur le port, même l'après-midi. Je prends à droite. L'étroite route côtière qui longe l'océan. Les rochers de Saint Guénolé. Un des prénoms de mon frère. Curieusement, peu d'autos sont garées sur le parking obligatoire. << C'est samedi. Les gens sont dans les magasins ! >> précise sans doute très justement ma passagère. Ma passagère dont les jeux tactiles ont fini par provoquer l'inévitable. Une énorme érection déforme l'avant de mon short. Je gare la voiture. Personne.
Aude-Élie bondit du véhicule la première en s'écriant : << On y est ! Génial, il y a un vent frais ! >>. Je remonte la tirette de ma braguette avant de sortir. Je prends le petit sac à dos. Aude-Élie m'entraîne par la main. Nous courons presque pour rejoindre l'escalier taillé dans le granit. Je retrouve moi aussi avec plaisir cet endroit magique. Le rugissement des flots. Le vacarme incessant des grosses vagues qui viennent se briser en contrebas. C'est un labyrinthe de roches. Il n'y a personne. L'endroit semble désert. << Tout cela n'est qu'à nous ! >> lance ma complice. Il va être quatorze heures trente. Là-bas, au-dessus de l'horizon, le ciel se charge de lourds nuages sombres. Le vent est une véritable caresse dans la lourdeur du climat. La température est de 26°. C'est marée basse. Il faut s'aventurer plus bas avec prudence. L'endroit est réputé pour ses vagues scélérates qui ont déjà emporté plus d'un imprudent. Plusieurs panneaux le signalent.
Aude-Élie descend jusqu'aux premières algues. Elle me tient la main. Nous faisons très attention à ne pas glisser sur les roches. Juste avant la limite où elles sont humides. Nous trouvons là un endroit fort accueillant. Il suffit de s'assoir. Contempler l'immensité de l'océan est un spectacle dont il est impossible de se lasser. Ma vacancière retire sa culotte qu'elle fait tournoyer au-dessus de sa tête. << Supprimons l'inutile ! >> dit elle en la fourrant dans la poche avant du sac. J'en retire la gourde d'eau, les nectarines, les brugnons. Le ciel est voilé, lumineux, ce qui donne une belle touche de romantisme à notre environnement. La fille au van apprécie cette ambiance autant que moi en disant, fataliste : << C'est notre Bretagne ! >>. Je suis couché sur le dos. Aude-Élie consulte son téléphone. Elle commente la situation extrêmement plaisante que nous partageons ici. Je ne m'y attendais pas. Elle sait me surprendre avec tant de finesse. Me voilà avec la braguette béante.
Ma comparse en extrait le locataire en murmurant : << Il faut aérer ! >> Nous en rions. S'allongeant, elle pose sa tête sur mon ventre. Je caresse sa nuque, ma main sous ses cheveux en liberté. Le cri strident des mouettes. Le bruit des vagues. S'il devait arriver quelqu'un nous ne l'entendrions pas. Quand je fais part de cette inquiétude à ma complice, elle répond : << On ne voit rien depuis là-haut, regarde, c'est impossible ! >>. Je me redresse pour me rendre compte de l'exactitude de son propos. Je m'allonge. La tête sur le sac à dos en guise de coussin. Le vent n'est subitement plus la seule caresse. Les lèvres d'Aude-Élie se referment sur mon érection revenue. Sous l'effet de l'indicible douceur, c'est comme si je m'effondrais en moi-même. Intérieurement. Après un instant d'inquiétude, je me laisse aller. Je m'offre totalement à ma partenaire. Je peux m'abstraire dans les vertiges prodigués par ma complice. Je caresse sa nuque en fixant les nuages gris.
Ils sont de plus en plus nombreux à se rapprocher des côtes. Mais aucune menace ne les accompagne. Les légers mouvements de tête de la fille au van dont je caresse la nuque. Ses longs moments d'immobilités. Je suis dans une toute autre dimension. Le plaisir des sens est intense. Tant cérébral que physique. À entendre ses gémissements à peine perceptibles, je devine qu'il en va de même pour elle. Le partage est total. Je n'éprouve pas ce désagréable sentiment d'égoïsme. Mon plaisir est proportionnel au sien. J'évite toutefois de fermer les yeux. Je scrute tout de même régulièrement les environs. Toutes les deux trois minutes, pour soulager sa mâchoire, Aude-Élie cesse. Elle place alors sa tête contre la mienne pour chuchoter ses impressions. Nous en rions parfois. J'ai pour habitude de faire durer longuement. J'ai une totale maîtrise de mon sexe, de mes pulsions et de mes élans. Aussi, la gradation de nos plaisirs est ascendante. Indescriptible aussi.
Ce sont des éclats de voix qui nous alertent. Des rires. Nous nous redressons. Nous ne voyons personne mais il vaut mieux cesser. Aude-Élie, sa tête contre mon épaule, me confie quelques secrets de fille inhérents à ces moments très particuliers. J'écoute en essayant d'en saisir toute la teneur. Toute la substantifique moelle. Moelle, c'est le cas de le préciser. Je passe ma main entre ses cuisses. Quel plaisir de découvrir son intimité trempée. Cela me réconforte. C'est la preuve évidente d'une complicité totale. Je déteste jouir seul. Je chuchote : << J'ai envie de te faire l'amour ! >>. Aude-Élie se lève d'un bond. Le silence est revenu. << Il n'y a strictement personne ! >> précise t-elle en s'asseyant sur le rocher. C'est un peu comme une table naturelle. Elle se laisse aller en arrière, en appui sur ses coudes, écartant ses cuisses, posant ses pieds relevés sur le bord de la roche, elle me fait : << Tu disais quoi à l'instant ? >>. Je change de position. À genoux, tenant le rocher, j'avance ma tête pour poser ma bouche sur ses intimités. Mon Dieu que c'est bon !
Elle saisit mes oreilles comme pour me guider mais c'est pour me forcer à me lever. Je saisis ses chevilles. Elle se laisse aller sur le dos. Je la pénètre ainsi avec une facilité déconcertante. Je peux voir partout autour de nous. Doucement, en me laissant bercer par les gémissements de ma complice, je vais et je viens. Je suis totalement lucide tout en étant follement excité. Je ne connais pas de sensations plus intenses. J'observe les environs, tous mes sens aux aguets. Le vent souffle dans mon dos. Aude-Élie, les yeux fermés, tenant mes poignets, se laisse aller à l'extase. Je caresse ses seins, son ventre. Nous sommes vraiment seuls et c'est merveilleux. Nous n'allons pas jusqu'à l'orgasme. Nous préférons rester excités pour le reste de l'après-midi. << C'est trop bien ! >> lance mon amie en se redressant lorsque je me retire. << Tu sais, j'adore les insomnies la nuit. Et celles que je vis avec toi me poursuivent même la journée ! >> dit elle. Nous rions de cette plaisanterie. Je l'aide à se relever.
Nous dégustons nos fruits posés sur le rocher. Assis en tailleur, nous faisans face. Silencieux. La parfaite symétrie du visage d'Aude-Élie est le plus parfait des compléments à ce paysage magnifique. Il me paraît plus osseux aujourd'hui. Ses longs cheveux noirs l'habillent comme le ferait le cadre d'un tableau de maître. Toujours aussi imprévisible, elle tire son smartphone du sac. Me le tend en disant : << Je veux un souvenir aussi fou que nos folies ! >>. J'ouvre de grands yeux. Que veut-elle me faire comprendre ? Elle se lève d'un bond. Déboutonne sa jupette qu'elle laisse tomber. Retire son T-shirt. Elle ne porte plus que ses baskets. Je reste médusé, pantois, consterné peut-être. De plusieurs mouvements gracieux elle se dresse sur un des rochers en masquant son visage de son T-shirt comme d'un foulard. << Filme ! >> s'écrie t-elle en virevoltant sur elle-même comme le ferait une ballerine. Dans cet environnement rocheux, c'est tout simplement extraordinaire. De l'ordre du divin.
Je filme. Consciencieusement. En y mettant toute l'adresse nécessaire. Aude-Élie ne pose pas. Aucune posture de starlette de cinéma ou de position de magazine de charme. Non, ça reste vivant, à son image, pleine de ce dynamisme qui n'appartient qu'à elle. Jamais jusqu'à la déconne, mais toujours avec une dérision qui la rend unique. Elle se dirige vers d'autres roches sur lesquelles elle saute. Parfois à contre jour sur le ciel de plus en plus gris. Parfois devant des murailles de granit. La marée monte inexorablement car les vagues rageuses ne sont plus qu'à une dizaine de mètres. La fille au van saute sur place, fait des mouvements de gymnaste, avec une agilité, une assurance et une parfaite exécution qui me laisse abasourdi. Elle conclue cette sublime prestation en tournant le dos à l'objectif, faisant tourner le T-shirt au-dessus de sa tête en s'écriant : << Fini ! >>. J'éteins la fonction caméra. Aude-Élie saute de son rocher pour me rejoindre. Toute nue.
Je la soulève. Accrochée à moi, ses bras autour de mon cou, ses jambes autour de ma taille, elle mitraille mon visage de bisous. << Avec toi, je me sens tellement libre. Tellement heureuse ! >> s'écrie t-elle. Des voix pas loin. La belle aventurière se précipite sur ses vêtements en tas sur le rocher. Elle s'habille à toute vitesse. Une fois encore c'est une fausse alerte. Personne ne prend le risque de descendre jusque là. Il est d'ailleurs grand temps de remonter car l'assaut des vagues devient inquiétant. La menace n'est plus qu'à quelques mètres, nous éclaboussant déjà d'écume blanche. C'est en riant que nous revenons sur la route. Là-bas, sur l'horizon, l'amoncellement de gros nuages noirs se précise. Nous revenons à la voiture. Par précaution, en anticipant, je referme la capote. Aude-Élie me montre l'écran de son téléphone. Nous découvrons le film tourné il n'y a pas plus de vingt minutes. Je dis : << Tu es adorable ! Et là, carrément sublime ! >>. Ma complice tourne la tête pour m'embrasser avec passion.
Nos baisers sont souvent si fougueux que nous en avons le bas du visage trempé de nos salives. Ce qui nous fait rire en nous regardant dans le rétroviseur. << Je suis si bien avec toi. Tu m'as lancé un sortilège hein ? >> s'exclame t-elle. Je réponds : << Je me damnerais pour toi ! Si ce n'était pas déjà fait ! >>. Je démarre. Il va être dix huit heures. Il y a quarante kilomètres qui nous attendent. La circulation reste fluide. Quand je suggère de trouver un restaurant à Quimper, ma passagère s'empresse de s'écrier : << Non. À Locronan. C'est mieux, on est tout près de chez nous ! >>. Le téléphone qu'elle tient à la main affiche rapidement la liste des restaurants de Locronan. Pendant que je roule, ma passagère compose des numéros. C'est samedi. Les tables vont êtres difficiles à trouver. Je l'entends négocier, insister. C'est finalement la crêperie Ar Billig qui propose une des dernières tables disponibles. Nous y sommes attendus pour vingt heures. C'est rassurant. Aude-Élie chantonne.
Nos mains exploratrices ne perturbent pas ma conduite car les routes sont quasiment désertes. Il est dix neuf heures quand nous revenons à l'appartement. Une rapide douche qui nous fait un bien fou. Quelle surprise en nous habillant. Il se met à pleuvoir. << On devait s'y attendre ! >> lance ma compagne d'aventures avant de me sauter au cou. Nous sommes tous deux vêtus de bermudas et de sweats de fins cotons kakis. Morts de faim, nous dévalons l'escalier. C'est sous le grand parapluie que nous descendons la rue pour prendre celle du prieuré. La salle est pleine. Notre table nous attend sous la fenêtre. Des rafales de vent jettent à présent des paquets d'eau contre les vitres. Qu'il est agréable de déguster une succession de crêpes aux spécialités de l'établissement. Nous mangeons de bon appétit en revenant sur nos aventures de l'après-midi. Notre couple attire quelques attentions. Non, je ne suis pas le papa de la sublime jeune fille assise devant moi. Nous nous amusons de ces situations où nous devinons les interrogations des tables voisines. Une fois encore Aude-Élie vient d'avoir une idée saugrenue.
Elle se lève, attrape ma main pour m'entraîner vers la porte des toilettes. Il faut imaginer ces regards qui nous accompagnent lorsque nous traversons la salle. Une fois la porte fermée derrière nous, Ma complice me saute au cou pour enfoncer sa langue au goût de beurre salée dans ma bouche. Nous rions comme des fous en nous embrassant "sauvagement". << Je suis tout le temps excitée avec toi ! >> lance t-elle en m'entraînant dans les toilettes hommes. Là, enfermés dans un des cabinets, nous nous caressons comme des déments. Nous rions de nos nouveaux délires en tentant de rester silencieux. Des messieurs viennent s'épancher ici sans se douter un seul instant de notre présence derrière la porte. C'est d'un cocasse. Surtout que certains parlent tous seuls. << Ils s'adressent à leurs "trucs" tu crois ? >> chuchote t-elle à mon oreille. Je mets ma main sur sa bouche de peur que l'un de ces "visiteurs" ne nous entendent. Il faut voir certains regards dans la salle quand nous revenons !
La pluie et le vent ont cessé. Il est vingt deux heures quand nous sommes de retour. Sous les draps, nous reprenons nos passions. Nos corps se cherchent, se collent, s'éloignent, reviennent dans une danse qui n'appartient qu'à nous. << Je veux plein d'insomnies cette nuit ! >> lance Aude-Élie en me chevauchant. Je suis en elle. Profondément. Sa silhouette dans l'obscurité est une véritable attraction à "contre nuit" devant la porte fenêtre du balcon. Je suis noyé dans l'abstraction de mes vertiges. Nous alternons les berceuses et les moments d'immobilité. Quand Aude-Élie se retire pour s'allonger contre moi, elle me demande : << Et toi, tu es heureux ? >>. Je la serre contre moi pour répondre : << Si tout cela n'était que sexuel ce serait tellement plus gérable ! >>. Nous rions aux éclats. << On vit les mêmes choses alors ! >> s'exclame t-elle. Je descends mon visage entre ses cuisses. Ce rituel qui m'enivre jusqu'à l'orée de mes plus secrètes folies...