Bonjour,
Quel jour on est déjà ? Ah oui, effectivement, il se peut qu'on soit mercredi.
Episode 9 :
Tiens, on est mercredi. Toujours ce réflexe, cette effervescence sous mon crâne quand vient ce jour si spécial. Pourtant, j’avoue que je commence à ne plus y croire, qu’au fond de moi, je me prépare à son absence, encore. Voilà deux, peut-être trois semaines que je n’ai pas vu ma belle inconnue. A-t-elle changé son jour de courses, ou pire, changé de magasin ? On est toujours bien placé sur les prix, et à vrai dire, on a un choix de dingue, alors cette dernière hypothèse, je n’y crois pas vraiment. Oui, sauf qu’il y a eu ce truc. La dernière fois que l’équipe du matin l’a vue, c’était ce jour fou : du rouge sur ses lèvres, du rouge sur ses bas, du rouge incandescent jusqu’au bout de ses jarretelles… et puis ces seins ronds qui dansaient librement sous cette robe fluide. Personne ne s’en est totalement remis ici. Ce jour là,Thibaut était en pause, fumait une clope sur le parking quand il l’a vu repartir, à profiter encore de sa « jolie MILF » comme il l’appelle, jusqu’au moment où ce mec l’a abordée. Selon Thibaut, le gars n’avait pas l’air méchant, et notre belle inconnue semblait sourire, mais il est resté un moment avec elle, si bien que Thib s’est demandé un instant s’il devait s’approcher pour vérifier que tout allait bien. Mon inconnue, c’est notre chouchou ici, alors hors de question que quelqu’un lui cherche des noises. Au final, d’après Thib, tout s’est bien terminé et elle est repartie tranquillement dans sa voiture. Pourtant, on ne l’a pas revue depuis ce jour. A-t-elle eu peur ? Que voulait ce gars ? Merde, si c’est lui qui l’a fait fuir, je le maudis, sur six générations.
De peur d’être déçu, je n’ose même plus espérer son retour maintenant. Et puis, le stagiaire que j’ai dans les pattes cette semaine m’occupe bien aussi. Ça n’est pas une flèche mais il bosse bien au final. Bon, là, tout de suite, il m’a un peu foutu le bordel dans le rayon, des cartons plein le passage. Si Kevin voit ça, on est mort tous les deux. Je me dépêche d’ouvrir mon propre carton avant d’aller lui filer un coup de main, déjà un caddie arrive et avec ce barrage, impossible qu’il passe. Au moins, on est pas tombé sur un con qui se met à nous engueuler. Je relève la tête pour m’excuser auprès du client, reste soufflé pendant que mes lèvres s’étirent dans un sourire de béatitude. Mon inconnue, tout sourire. Elle attend patiemment qu’on lui dégage le passage, me lance un « bonjour » chaleureux quand nos yeux se croisent. Comment n’ai-je pas entendu ses boots à talons, cette cadence lancinante qui me fait habituellement relever aussitôt la tête comme un chien qui entend le pas de son maître devant la maison avant même qu’il n’ait mis la clef dans la porte ? Bon sang, ce qu’elle est belle, me dis-je en essayant de ne pas trop la détailler. Pourtant, avant que son regard émeraude emprisonne le mien, mes yeux ont le temps de voir une robe en jean, une robe qui moule ses hanches et sublime chacune de ses courbes, une robe bien trop courte me semble-t-il pour qu’elle ait osé les bas aujourd’hui, une robe traversée d’une fermeture éclair qui court du creux de ses seins au bas du vêtement. Le gros manteau d’hiver, merci le retour des beaux jours, a laissé sa place à un petit blouson en cuir cintré qui complète à merveille sa tenue, et libère enfin le bas de son corps. « Je veux la voir de dos » clignote soudain sous mon crâne en lettres majuscules.
- Bonjour, vous allez bien ?
Je n’ai pas besoin d’en rajouter pour être sympathique, j’ai réellement l’impression de retrouver une connaissance, presque une amie.
- Très bien, le soleil revient, ça fait du bien… et vous ?
- Oui, c’est vrai, et puis, y’a du boulot donc ça va. Ça fait longtemps qu’on vous avait pas vu.
- Oui, un peu chargé ces derniers temps, des formations, des réunions, mais ça devrait aller mieux maintenant…
- Fidèle au mercredi alors ?
- Toujours, affirme-t-elle avec encore un sourire à vous en faire tourner la tête.
Pendant que nous échangeons, je réalise que mon stagiaire est toujours accroupi la main posée sur ses cartons, mais qu’il ne bouge plus, le nez presque collé sur les jambes de ma belle inconnu, visiblement subjugué. Ce petit con se rince l’œil, et pas qu’un peu. En même temps, comment lui en vouloir ? Le point de vue d’en bas doit être renversant. Ma beauté en forme de rockeuse aujourd’hui suit mon regard, et remarque le petit jeune à ses pieds. Heureusement, elle ne semble pas s’offusquer, mais à cause de lui, je suis obligé de réagir maintenant.
- Allez, enlève moi tout ça, tu vois bien que Madame voudrait passer.
- Euh… oui… pardon… répond-il comme s’il s’éveillait d’un rêve à l’instant en poussant son bordel.
- Oh, ne vous inquiétez pas, j’ai le temps ce matin.
Ce sourire est une arme, un envoûtement. J’ai soudain envie de lui demander son prénom, savoir ce qu’elle fait dans la vie, si quelqu’un a déjà mis la main sur son cœur pour l’enfermer à double tour. Ma belle inconnue est sexy, à tomber même avec toutes ses courbes affolantes, mais elle est aussi charmante, chaleureuse, éminemment sympathique. Alors oui, j’ai envie de la connaître, d’entrer un peu plus dans sa vie. Pourtant, je n’ose pas. Toujours cette peur de tout gâcher, de tomber du mauvais côté de la crête. L’audace du jour où je lui ai avoué que j’avais vu ses bas, que j’avais trouvé ça joli, voilà ce qu’il faut que je retrouve, l’énergie qui doit me porter. Le temps que je me décide, que j’essaye de réfléchir à une phrase naturelle et inoffensive, le chemin est déjà dégagé, sans d’ailleurs que ce petit malin accroupi près de la palette se soit relevé.
- Merci… et bien bonne journée, et bon courage alors, me fait-elle en reprenant soudain sa route.
- Merci, vous aussi.
Déjà ? A l’intérieur, je pleure, mais comme toujours, mes yeux se jettent sur elle, profite de son départ pour se goinfrer de tout ce qui va bientôt leur être enlevé. La fermeture éclair intégrale de cette robe est diabolique, un véritable appel à la faire glisser de haut en bas pour la mettre nue en un seul geste. Je constate qu’elle l’a largement ouverte, qu’elle a choisi un décolleté profond, gourmand, une perspective coquine sur le sillon de ses seins compressés dans le jean. Mais il y a ses hanches aussi, la première fois que j’en apprécie pleinement la courbe, que j’en dessine la rondeur. Ce que j’aime les femmes pulpeuses, la féminité explosive. A l’instant, je suis littéralement déchiré en deux, entre mélancolie de la voir déjà partir, et joie de l’admirer enfin de dos, sans ce fichu manteau. D’abord sages, mes yeux descendent lentement sur son dos, glissent sur ses cheveux cascadant librement sur le cuir, longent son échine. Je veux prendre mon temps, savourer l’instant comme lorsqu’on déballe un cadeau dont on sait d’avance qu’il sera extraordinaire. Enfin, mon regard frôle sa cambrure, effleure sa chute de reins. Je l’avais fantasmée très cambrée, et pourtant, mon imagination était loin de rendre hommage à ce bijou. Un instant, je me perds, tente d’approcher la sensation de ses reins sous ma main, reçoit soudain des images bien moins sages quand mes yeux glissent plus bas. Oui, Karim avait raison, ses hanches tanguent, entraînent ses fesses rondes dans un roulis délicieux. Avec cette robe moulante, c’est évident. Mais putain, qu’est-ce que c’est beau! Ma belle inconnue doit probablement les trouver trop grosses, c’est une femme. Moi, je les trouve simplement divines, rondes à souhait, fièrement rebondies, dignes d’être adulées. Je m’y attarde un peu, constate que le denim coquin dessine le sillon délicat de ses rondeurs, mais aussi qu’aucune autre trace ne vient perturber l’harmonie de ce joli cul. Nue sous sa robe ? Impossible à dire avec ces nouvelles culottes invisibles que l’on vend par palettes entières, mais je retiens l’hypothèse de Karim, la rêve libre au point d’enfiler juste une robe sur son corps nu le matin. Enfin, je dis nue, mais il y a forcément ses collants, ce voile noir qui sublime ses jambes. Un instant, j’ai un doute : n’est-ce pas l’ombre d’un bas que je vois en bas du vêtement, juste sous l’ourlet du jean ? Non, avec une robe si courte, ça serait plus qu’audacieux, très risqué. Pourtant, je n’arrive pas tout à fait à écarter cette éventualité. En fait, pour en avoir le cœur net, il faudrait juste qu’elle se baisse un peu, qu’elle attrape ce dernier produit en bas du rayon, presque son gimmick signature.
- Excusez-moi Madame ? Vous êtes plus grande que moi. Vous pourriez m’attraper la boite de biscuit tout là-haut s’il vous plaît ?
C’est vraie qu’elle est toute petite cette Mamie, presque une tête de moins que ma belle inconnue qui la regarde avec bienveillance.
- Pas de soucis Madame, et puis vous savez, les talons ça aide aussi.
- Oh, je serais bien incapable de marcher avec ça.
- Question d’habitude, c’est celle-ci qu’il vous faut ?
La petite Mamie a les yeux en l’air, scrute la main de ma belle qui s’approche des biscuits sur le rayonnage le plus haut.
- Non, à côté…
Mes yeux à moi ne voient pas les biscuits. Non, s’ils se régalent, c’est d’une tout autre nourriture. Dès que mon inconnue du mercredi a commencé à lever les bras, cette robe décidément parfaite a suivi le mouvement pendant que ma mâchoire prenait le chemin inverse pour tomber sur le carrelage. C’était donc bien des bas, et leur jarretière de dentelle noir est à présent totalement dévoilée alors qu’elle se tend pour parvenir à atteindre les fameux biscuits.
- Quelle idée d’aller mettre ça si haut, commente encore la Mamie.
- C’est vrai, confirme mon inconnue dans l’effort.
Reins cambrés, jambes galbées, tête cabrée en arrière, ce corps en extension est une œuvre d’art, un spectacle que je déguste comme un grand vin, savourant chaque seconde de ce cadeau. Je veux me souvenir des moindres détails de ce moment, ces bas entièrement découverts, sa peau blanche au-dessus, la robe qui menace de dévoiler le pli de ses fesses, sa cambrure exagérée par la position. Plus tard, je m’imaginerai me glisser doucement derrière elle, presser mon corps contre le sien, poser mes mains sur ses hanches, les remonter sur ses flancs, effleurer ses seins avant de les empoigner plus fort. Mais pour le moment, j’emplis ma mémoire, la sature d’images, de sensations, de sentiments. Je note les détails, la pointe de ses cheveux qui vient frôler ses reins alors qu’elle lève la tête, le galbe d’un mollet tendu, la pâleur de la peau de ses cuisses. Je n’ai jamais eu de fantasmes BDSM, mais l’attacher bras en l’air pour revivre ce moment devient soudain une évidence.
- Et voilà Madame.
- Un grand merci… sans vous, je n’aurais jamais pu l’attraper.
- Pas de soucis… bonne journée à vous.
Hébété, je la regarde partir, constate que ses bas se devinent aisément maintenant, et que mon petit stagiaire semble lui aussi sidéré, complètement envoûté. J’avais raison d’en vouloir à ce fichu manteau d’hiver qui gardait pour lui ce roulis incendiaire, ce petit perfecto est bien plus sympathique avec moi.